Avant lui, Rousseau, Maria Edgeworth et madame Necker de Saussure ont fait une place à la poupée dans leurs écrits pédagogiques. Mais Victor Hugo, en décrivant les gestes et les attitudes de Cosette envers la poupée, va plus loin. Il saisit le pouvoir de l’imagination enfantine, lorsque Cosette transforme son sabre de plomb en poupée et quand elle contemple, immobile, sa poupée assise sur la chaise et répond à Jean Valjean qui lui demande de jouer : « oh ! je joue ».
Contrairement aux éducateurs et pédagogues qui parlent de la poupée, Victor Hugo sait évoquer avec tendresse les sentiments qui agitent l’enfant, il montre leurs scénarios de jeu, leurs gestes, leurs joies et leurs peurs. Il rejoint ainsi les tentatives des auteurs de livres pour la jeunesse qui mettent en scène les enfants dans leurs jeux.
Depuis le début du XIXe siècle des albums s’attachent à ce thème, comme Les jeux de la poupée, L’éducation de la poupée, souvent réédités, mais un livre plus important est publié en 1839 par Julie Gouraud sous le pseudonyme de Louise d’Aulnay, Mémoires d’une poupée, contes pour les petites filles. L’auteure n’hésite pas, dans sa préface, à écrire :
« Oui, la poupée est un commencement d’enfant : la tendresse de sa maîtresse est un premier rayon d’amour maternel […] À regarder de bien près, mais de très près, la poupée est le pivot de l’humanité ! » Et elle se dit tentée de donner comme titre à son livre « Le mythe de la poupée et de la petite fille ».
L’ouvrage est réédité en 1845, 1847, 1854 ; il est possible que Victor Hugo l’ait eu entre les mains. Mais la structure de son récit semble plutôt s’inspirer d’un conte.