Le chocolat, entre transmission et enfance
La thématique de la transmission amène à décliner différents discours afin de communiquer aussi bien l’histoire familiale que le savoir-faire ou bien encore le goût. En toile de fond de la transmission, il y a l’enfance : la boisson chocolatée du matin, les moustaches de lait, les gâteaux confectionnés dans la cuisine maternelle. Il s’agit alors de montrer la construction des sociabilités et des souvenirs alimentaires.
C’est ainsi que, dès 1892, le chocolat Menier met en scène une petite fille dessinant sur un mur. Cette affiche réalisée par Firmin Bouisset a traversé les époques et sera plusieurs fois revisitée, incarnant l’espièglerie mais envisageant aussi l’enfant comme prescripteur d’achat. Cette espièglerie est largement mobilisée dans les publicités pour les mousses au chocolat de Nestlé en 1999, puis en 2001 avec le fameux « tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice » soulignant la transgression enfantine.
La gourmandise se décline également comme une possibilité offerte à tous, il est aussi vecteur de partage, de convivialité gourmande « les enfants aiment Kinder chocolat et moi aussi ». Parfois l’adulte transgresse et retourne en enfance, Lu en 1997 le met en scène avec ses Petits écoliers. La transmission mais surtout le lien à l’enfance construit une passerelle entre passé et présent permettant de valoriser le goût, la transgression, la transmission et en filigrane, la mémoire individuelle et collective.
En effet, notre alimentation marque durablement notre corps entre traces biologiques, traces corporelles mais aussi et surtout traces mémorielles. Ces dernières couplées avec les symboliques alimentaires sont largement utilisées pour communiquer et donner du goût mais surtout du sens aux discours alimentaires et, par extension, à notre alimentation. Il s’agit alors de saisir et transmettre le sens, la réalité sensible alimentaire en l’incarnant dans du sensualisme, des souvenirs, des expériences antérieures et des enjeux à venir.