La partie aérienne d’une plante résulte de la croissance d’un bourgeon contenu dans la graine, qui produit une tige et de nouveaux bourgeons répartis le long de cette tige, qui à leur tour produit d’autres tiges et de nouveaux bourgeons, etc. Ces bourgeons peuvent croître immédiatement ou rester dormants. Quand ils croissent, ils peuvent former des tiges feuillues, ou des fleurs. Cela va dépendre du résultat de la lutte qui s’opère dans chaque nouveau bourgeon créé entre des gènes « de tige » et des gènes « de fleur » qui s’affrontent pour donner son identité au bourgeon. Cette lutte fait intervenir un réseau d’alliances et d’interactions difficile à interpréter.
Pour mieux comprendre cet écheveau complexe et son impact sur la croissance de la plante, nous avons développé une approche combinant expérimentation biologique, modélisation mathématique et simulation du développement de la plante en 3D. De proche en proche, cette analyse a permis d’isoler le mécanisme génétique à l’origine de la forme du chou-fleur et de comprendre son impact sur la croissance de la plante.
En bref, il s’agit d’une guerre de territoire. Chez la plante normale, au moment de développer des bourgeons de fleur, un premier gène « l’architecte floral » devient actif dans les bourgeons. Pour former la fleur, il doit cependant appeler d’autres gènes floraux en renfort qui empêchent l’invasion du bourgeon par les gènes de tige. Le bourgeon acquiert alors définitivement l’identité « fleur ».