Plus d’une fois, vous aurez remarqué qu’une odeur (celle du foin fraîchement coupé comme Léon Tolstoï) ou un goût (celui du thé avec des madeleines comme le raconte Marcel Proust) ramène de l’oubli un souvenir vivace de votre enfance.
La culture populaire suggère que certaines odeurs sont des rappels puissants d’expériences autobiographiques de nos premières années. C’est ce qu’on appelle la madeleine de Proust. Voyons ce que l’on sait à son sujet d’un point de vue neuroscientifique.
Grâce aux sens de l’odorat et du goût, nous pouvons percevoir un très grand nombre de molécules présentes dans le monde extérieur. Celles-ci concernent non seulement les substances alimentaires, mais aussi d’autres substances potentiellement dangereuses.
La mémoire de leurs effets nous permet d’accepter ou de rejeter certains d’entre eux à long terme. En outre, chez de nombreuses espèces (mais pas chez nous), l’odorat facilite la détection des phéromones, qui produisent d’importants changements comportementaux.
Comment percevons-nous les odeurs ?
Dans une série de travaux expérimentaux marquants, récompensés en 2004 par le prix Nobel, Linda B. Buck et Ricard Axel ont démontré que les récepteurs olfactifs sont des protéines sensibles à la présence de certaines odeurs.
Ces protéines sont situées dans les terminaisons sensibles des neurones récepteurs situés dans les narines. Chez l’homme, il existe environ 350 protéines différentes, mais d’autres espèces, comme la souris, en expriment plus d’un millier.
Ils peuvent sembler peu nombreux, mais chaque substance odorante active une combinaison de ces récepteurs. Par conséquent, le nombre d’odeurs différentes pouvant être perçues dans la pratique est énorme.
En revanche, les papilles gustatives situées principalement sur la langue ne comptent que des récepteurs pour cinq goûts : sucré, salé, amer, acide et umami (produit par des acides aminés tels que le glutamate).
En réalité, le goût des aliments ne dépend pas exclusivement de l’activation de ces récepteurs gustatifs. Elle dépend également des substances volatiles que la mastication envoie de la cavité buccale aux récepteurs olfactifs par la voie rétronasale.
Il en va de même pour d’autres facteurs tels que la texture et la température de ce que l’on mange, sa présentation visuelle et son odeur. C’est-à-dire ce qui parvient aux récepteurs olfactifs de l’extérieur par la voie antéronasale.
Il existe une différence fondamentale dans la manière dont les informations provenant des différents types de modalités sensorielles (vision, toucher, pression, douleur, audition, équilibre, goût et odorat) atteignent le cerveau.
Toutes ces voies nerveuses, à l’exception de l’olfaction, atteignent le cortex cérébral. Là, ils atteignent un niveau conscient, via le thalamus.