Merci, Oscar, sache que c’est une question plus compliquée qu’on ne le croit et qui a interrogé l’humanité depuis bien des années !
À première vue, on a souvent envie de penser que la grande diversité de langues qui peuplent notre monde remonte aux origines de l’humanité elle-même.
Une des histoires les plus connues qui a tenté de répondre à cette question, c’est celle de la Tour de Babel, dans la Bible. Je te raconte : au commencement du monde, tous les humains parlaient la même langue. C’était une situation vue comme idéale, car ainsi tout le monde se comprenait : moins de risques de malentendus entre les communautés, une communication plus simple, universelle, et propice à la paix. Seulement, les humains utilisèrent cet outil à de mauvaises fins : ils voulurent construire une ville dont la tour principale serait si haute qu’elle toucherait le ciel, le domaine de Dieu. Ce dernier, voyant cette démesure, décida de disperser les bâtisseurs aux quatre coins de la Terre et de brouiller leur langue, afin que chaque groupe en parle une différente et qu’ils ne puissent plus se comprendre. Ainsi naquirent les langues.
Bien sûr, il s’agit d’une histoire, mais elle souligne un certain nombre de problèmes lorsqu’on pense à l’origine du langage et sa diversification sous forme de langues. Les disciplines qui étudient ces questions sont la linguistique (l’étude du langage) et l’anthropologie (l’étude de l’espèce humaine). Beaucoup de scientifiques étudient ces deux domaines depuis le XIXe siècle, mais il reste encore de nombreuses controverses (des débats compliqués) dans les théories. Elles étudient des périodes de l’histoire humaine si anciennes qu’on y trouve très peu d’indices sur les langues parlées à l’époque. Il faut dire que l’écriture n’avait pas encore été inventée, encore moins les cassettes audio !
Tout d’abord, est-ce que l’humanité a démarré avec une et une seule langue ? Ce problème concerne l’évolution du langage : les étapes biologiques qui nous ont permis de communiquer avec des systèmes d’expression de plus en plus créatifs et de plus en plus complexes, qu’on pourrait appeler provisoirement la « grammaire ». Tout comme pour l’origine de la vie, les scientifiques débattent depuis longtemps de la source du langage : a-t-elle émergé à un seul endroit sur Terre ou à plusieurs endroits en même temps ?
Si c’est la première réponse, alors oui, l’humanité a peut-être démarré avec une seule langue, mais sans doute une langue partagée par un tout petit groupe, et qui a très vite changé par la suite. Si c’est la deuxième réponse, alors le langage aurait émergé au sein de plusieurs groupes humains distincts, et donc il y aurait eu, dès le départ, plusieurs langues parlées sur Terre. Les deux positions semblent se défendre et il y a un vrai débat, à cause du manque de données et de preuves issues de notre Préhistoire… Mais dans les deux cas, il semble improbable que tous les humains, au sein d’une grande population allant de l’Europe à l’Asie, aient pu parler une seule et même langue partout, comme dans l’histoire de la Tour de Babel.
Pourquoi c’est improbable ? Parce que la langue a la caractéristique unique de changer en permanence, et très vite, lorsqu’elle est parlée par des groupes de plus en plus nombreux, et dans un espace géographique de plus en plus grand.
Lorsque nous parlons une langue, nous nous mettons d’accord sur les mots que nous utilisons et les règles grammaticales qui vont les organiser dans des phrases. Mais ces mots et ces règles ne sont jamais exactement les mêmes entre deux individus ni entre deux groupes. Cette variation a pour résultat de faire changer les langues, et d’en créer des nouvelles. Par exemple : prenons le village A, qui parle une langue. Le village B, qui est juste à côté, parle presque la même langue, avec peut-être quelques mots qui changent. Le village C, un peu plus loin, parle une langue similaire, mais avec certaines règles qui diffèrent… Et ainsi de suite, jusqu’au village Z, qui est si loin du village A qu’ils ne se sont jamais rencontrés, et qu’ils parlent une langue si différente qu’ils ne se comprendraient pas !