Une atmosphère plus ou moins transparente
La transparence de l’atmosphère dépend de plusieurs paramètres. Elle dépend du rayonnement considéré (visible, infrarouge), de la concentration en certains gaz à effets de Serre (CO2, Méthane, Vapeur d’eau), de son épaisseur et de la couverture nuageuse. Ainsi, dans l’infrarouge, plus l’atmosphère est sèche et plus l’atmosphère est fine (par exemple en altitude) plus elle sera transparente. Au contraire, une atmosphère contenant des nuages est pratiquement opaque au rayonnement infrarouge. Dans un désert l’humidité peut descendre à des niveaux très bas l’été jusqu’à quelques pourcents d’humidité relative. Dans ces conditions l’atmosphère est quasiment transparente si bien que le sol échange directement avec l’espace dont la température n’est que de quelques degrés au-dessus du zéro absolu. Les conditions sont alors réunies pour un refroidissement radiatif très important.
D’autres paramètres peuvent encore augmenter ce phénomène. Tout d’abord, l’émission thermique du sol dépend de sa composition. Le sable et la neige émettent ainsi beaucoup plus que la végétation notamment celle constituant les plaines et les forêts. D’autre part, la présence de vent accroît les échanges entre l’air et le sol.
Nous sommes alors en présence d’un transfert thermique par convection. Si au cours de la nuit l’air devient plus chaud que le sol, celui-ci réchauffera le sol et réduira donc son refroidissement. Au contraire, l’absence de vent réduira les transferts par convection et conduira à des conditions très favorables au refroidissement.
De plus, le sable constituant le sol du désert a une inertie thermique relativement faible. Autrement dit, la quantité de chaleur stockée par le sable chauffé à une certaine température est plus faible que pour un matériau comme de la terre, humide, du béton ou de l’eau. Pour un refroidissement donné, plus la quantité de chaleur stockée est faible et plus l’évacuation de la chaleur s’effectuera rapidement conduisant à une baisse brutale de la température durant la nuit. Ainsi, la faible humidité des déserts, leur absence de couverture nuageuse et leur constitution d’un matériau très émissif et présentant une faible inertie thermique sont responsables du fort refroidissement nocturne et de la grande amplitude thermique observée dans ces espaces.
Les considérations précédentes permettent également d’expliquer d’autres situations ou l’amplitude thermique journalière peut être très importante. Ainsi le village de Mouthe (Doubs) dans le massif du Jura détient le record de froid (-36,7 °C) et d’amplitude thermique journalière en France (37,8 °C). Sa situation l’hiver sur un plateau enneigé en fait un site qui émet fortement vers l’espace quand l’humidité est très faible. Cette configuration de plateau est également plus favorable à l’absence de vent contrairement à celle de communes de montagnes où des différences de température à des altitudes variables déclenchent des courants de convection atténuant le refroidissement du sol.
A contrario les îles comme Ouessant qui connaissent moins d’un jour de gel par an sont connues pour être des lieux de faible amplitude thermique. Ouessant a un climat très venteux, nuageux et est située au milieu de la mer. L’océan dont la température est uniforme sur une grande épaisseur possède une forte inertie thermique. Sa température ne varie pratiquement pas à l’échelle de la journée. Au final, les conditions pour un fort refroidissement nocturne (absence de vent, nuit claire, faible humidité et faible inertie thermique) ne sont quasiment jamais réunies. Tous ces éléments qui limitent le refroidissement radiatif font que la température dans les îles et plus généralement en bord de mer varie beaucoup moins à l’échelle de la journée qu’à l’intérieur des terres.