Le Jhabrail du petit angoumois

La langue de « chez nous « , ol'é le jhabrail, le patois charentais, reconnu langue de France depuis 2007, sous le nom de langue saintongeaise, l'une des différentes variétés de langues d'oïl. Cette langue, commune aux anciennes provinces d'Aunis, de Saintonge et d'Angoumois, les trois sœurs, qui se parle entre Gironde et Sèvre Niortaise, de Blaye à Marans et de La Rochelle à Aubeterre, fédère une entité régionale, un bassin de vie, indépendante des découpages administratifs.


 

Mais elle se parle aussi bien plus loin. Au XVIIème siècle, Pierre Dugas de Mons et Samuel Champlain, fondateur de Québec, tous deux saintongeais, ont exporté notre jhabrail en Acadie et dans la « belle province », le Québec, devenue la Nouvelle France. Puis les acadiens, déportés en 1755 par les anglais - « le grand dérangement » - au pays des bayous en Louisiane, ont emmené avec eux notre « patois ». Un saintongeais qui se promène aujourd'hui dans ces régions de l'est américian retrouve des expressions de « chez nous » et ne se sent pas étranger. Cette langue très ancienne se trouve dès le XIIIème siècle dans les « chroniques saintongeaises » rédigées par le pseudo Turpin, ou Turpin saintongeais, adaptation du vrai Turpin, compagnon de Charlemagne, écrit en latin.

Au XIXème siècle, de nombreux auteurs écrivent en « saintongeais » comme Burgaud de Marets ou le docteur Athanase Jean auteur de la fameuse pièce « La Mérine à Nastasie », véritable bible des saintongeais . Le XXème siècle voit exploser la production littéraire patoisante. Les auteurs les plus célèbres étant Evariste Poitevin dit « Goulbenaise »  ou Odette Commandon, la « javasse des Charentes »

Moins connu aujourd'hui, mais proche de nous, car né à « La Grolle », commune de Touvérac, Adhémar Esmein (1848-1913) nous a laissé beaucoup d'écrits en patois, celui qui se parlait dans la région de Baignes quand il était jeune.

 

 

De nos jours de nombreuses troupes théâtrales ou des conteurs reprennent les œuvres anciennes en saintongeais et en créent de nouvelles. Leur succès constant et non démenti prouve que la population, si elle ne parle plus beaucoup notre ' « jhabrail », le comprend toujours et est friande de sa couleur, son accent et de sa gouaille souvent intraduisible.

Date de dernière mise à jour : 17/06/2020

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