Spatialiser les aides à la transition
En zones peu denses, la dépendance à l’automobile va de pair avec des tissus résidentiels souvent énergivores. Cette conjugaison mobilité-bâtiment alourdit le budget des ménages et grève les émissions CO2, qui peuvent aisément atteindre 4000 euros par an (en prenant pour base 15 000 km par an avec une voiture thermique et une maison de 100 m2 chauffée au fioul et mal isolée).
Une politique publique spécifique et cohérente permettrait de conjuguer efficacité du bâti, transition des mobilités et reconfiguration des sols (dont la désartificialisation). Des crédits d’impôt vers la rénovation des existants, des incitations spécifiques pour les toits solaires, des primes à la conversion ou de « retrofit électrique » (consistant à modifier des fonctions technologiques dans des systèmes vieillissants) vers des mobilités peu émettrices.
Ce fléchage serait évalué lors de la déclaration fiscale, selon la localisation du domicile principal ; un dispositif similaire pourrait être dévolu à la fiscalité des entreprises – par exemple, poids des charges de mobilité pour une entreprise d’artisanat dans le milieu rural, comme pour les agriculteurs et le matériel agricole thermique.
Le croisement entre le revenu du ménage (et pourquoi pas aussi pour les entreprises !) et cette taxonomie « éco-géographique » déclencherait des dispositifs type bonus-malus et/ou de crédit d’impôt.
Avec volontarisme, et sous dix ans, les dépenses pourraient être divisées par cinq et les émissions de gaz à effet de serre au moins d’autant : 700 euros par an de dépenses, contre 4000 auparavant, et le passage de 12 tonnes de CO₂ par an à moins d’une tonne, suite à la rénovation thermique de l’habitat et à la transition mobilitaire.
Ces mesures seraient couplées à l’arrêt de toute artificialisation avec une prime au m2 renaturé, et au renforcement du potentiel de séquestration carbone. Ces « petits pays renouvelables » engageraient de nouvelles dynamiques locales et la relocalisation des bassins d’emploi.