Un outil de légitimation des inégalités sociales
Nous l’avons vu, il est rassurant de croire que l’école fonctionne sur des règles purement méritocratiques. D’ailleurs, à l’école comme dans le monde de l’entreprise ou dans la société en général, la méritocratie est l’une des règles de justice distributive les plus acceptées par les individus. Au-delà de son aspect rassurant sur le plan individuel, la méritocratie scolaire nous est extrêmement utile pour rendre compte des inégalités qui existent, plus largement, au sein de la société.
En effet, si l’école est méritocratique, alors cela signifie qu’elle récompense de manière équitable les efforts et le talent de chacun. Cela amène donc tout simplement à négliger le poids d’autres facteurs (notamment l’origine sociale) pour expliquer la réussite scolaire.
La réussite scolaire étant elle-même fortement liée à la probabilité d’accéder à des positions sociales de statut plus ou moins élevé, cette croyance en la méritocratie scolaire est susceptible, in fine, d’amener les individus à penser que la société est juste et que chacun y occupe la position qui correspond à ce qu’il « vaut ».
Une inégalité (par exemple, de salaire, de prestige, de droits, etc.) n’apparait dès lors plus comme une inégalité, mais plutôt comme une simple différence qu’on peut qualifier d’équitable entre des individus plus ou moins méritants. Dans un tel système, pourquoi les individus seraient-ils motivés à lutter pour plus d’égalité ?